Cette nuit, je ne dors pas…
Je pense à cet homme. À sa famille, ses collègues, les familles qui ont leurs enfants dans cette école, dans ce quartier… Et puis, les images arrivent. Les sirènes en bas de chez moi. Mon quartier bouclé. Les journalistes. Le sang. Mes enfants. Leurs camarades. Leurs enseignants. « Le Président se rend sur place ». « L’obscurantisme ne gagnera pas ». « Nous condamnons cet acte odieux ».
Non, cette nuit, je ne dors pas.
J’essaye d’évacuer ces images. De mettre de la raison à la place. Et la raison me questionne : « Que faire ? »
De la politique ? Mais que vient faire ce sujet dans la politique ?!? Comment a-t-on pu en arriver à ce point de chaos, que notre sécurité dépende de… la politique ?!?
Écrire ? Je suis écrivain. Alors oui, je vais écrire. Mes mots n’empêcheront pas les prochains massacres, je ne sauverai pas le monde. Mais ils seront ma poignée de photons jetés dans le trou noir… Ma contribution…
Me lever le matin, me laisser happer par les tâches de la journée, le soir, dormir… Ça va se terminer de cette façon, bien sûr… Comme toujours. Jusqu’à la prochaine fois. Et jusqu’au jour où ce sera en bas de chez moi. Mes enfants. Leurs camarades. Leurs enseignants.
Cette nuit, je n’ai pas dormi.
Ce matin, pourtant, il fait jour.
La Terre a encore tourné.
Marion Curtillet. 17 octobre 2020