Le tunnel secret de la dent d’Oche
Inventé et écrit par les écrivains de CP/CE1/CE2 de l’école de Saint-Paul, dans le cadre d’un Co-Scriptum « Flash Battle » organisé avec le festival « Culture en folie » du pays de Gavot. Deux autres versions de cette histoire de Noël à la dent d’Oche ont été écrites, par deux classes de grande section ICI et deux classes de CE2/CM1 ICI.
Ce texte a été commencé en classe le vendredi et terminé au festival le dimanche.

Vendredi 13 décembre 2024. Nous sommes tranquillement installés en classe à l’école de Saint-Paul. Soudain, un grondement sourd se fait entendre du côté de la dent d’Oche. Nous nous précipitons dehors et ce que nous découvrons nous laisse sans voix : le sommet de la montagne est en train de se soulever et nous apercevons des animaux qui volent !
— Des rennes ! s’écrient d’une seule voix les enfants et les adultes de l’école.
— On dirait qu’ils sortent d’un tunnel qui déboucherait au sommet de la Dent d’Oche, pense tout haut la directrice.
Les autres adultes la regardent, étonnés. Ils se demandent si elle ne serait pas devenue un peu « toc toc ». Les enfants, au contraire, se réjouissent. D’autant plus qu’après quelques minutes, le sommet de la dent d’Oche se décroche complètement et se met à voler lui aussi. Les rennes, qui étaient partis se balader dans le ciel de Saint-Paul, se regroupent autour de la mystérieuse ouverture. Depuis la cour de l’école, on les voit qui tirent très très fort et on entend leur brame qui descend de la montagne. Ils tirent, ils tirent ! Et soudain, on aperçoit derrière eux… quelque chose de rouge avec un pompon blanc.
— On dirait le bonnet du père Noël… murmure la directrice.
Les autres adultes la regardent, inquiets cette fois-ci. Les enfants deviennent inquiets eux aussi : si c’est le père Noël, et qu’il se trouve coincé dans la dent d’Oche le 13 décembre, ils n’auront pas de cadeaux à Noël…Les rennes continuent de tirer, toujours plus fort. Et ouf, soudain, une tête apparaît. Une tête avec une énorme barbe blanche et des cheveux blancs bouclés.
— Mais ce n’est pas le vrai père Noël, chuchote un enfant de CE1. Regardez, il a la tête tout étirée !
Les autres enfants n’ont pas le temps de répondre, car tout à coup les rennes se mettent à tirer encore plus fort et plus fort, et un énorme POF emplit la vallée, alors qu’une forme très plate et toute rouge passe à une vitesse folle au-dessus de l’école.
— Une fusée ! s’exclame un CE2.
— Mais n’importe quoi, c’est le père Fouettard, corrige un grand de CM2.
Mais une grande section les reprend :
— Le père Fouettard, il n’est pas rouge !
— Les enfants, s’écrie la directrice, peu importe qui il est, si on ne fait rien, il va atterrir au milieu du lac Léman !
Les enfants et les adultes de l’école se précipitent dans l’aire de jeu pour suivre la scène. Heureusement, ils ne sont pas les seuls à s’être rendu compte du danger ! Un troupeau de cent rennes se précipite dans le ciel. Mais trop tard ! La silhouette rouge vient de plonger dans l’eau glacée. Catastrophe !
Non, par chance, des toutes petites têtes pointent leur nez des sacoches des selles des rennes. Ce sont des lutins ! Deux par renne, donc deux cents lutins, qui sautent tous en même temps dans le lac ! Une énorme bombe, dont les gouttes éclaboussent les élèves jusque dans la cour de l’école de Saint-Paul !
Après quelques minutes, la surface de l’eau se met à bouillonner et on aperçoit une énorme boule rouge, un bout de barbe blanche et un bonnet rouge orné d’un pompon blanc. Les lutins s’organisent très vite : ils se répartissent en trois groupes et se donnent la main pour former trois rondes. La première, petite, s’enroule autour d’un bras, pour faire un brassard. La seconde, petite aussi, fait de même, pour l’autre bras. La troisième, gigantesque, encercle le ventre : une bouée !
Dans la cour de l’école, les enfants et les adultes sont soulagés. Mais la peur revient aussitôt car ils aperçoivent autour de la barbe des glaçons qui se forment !
— Il va geler ! hurlent les enfants d’une seule voix. Il faut le sortir de l’eau !
Mais comment faire ? Soudain, une masse blanche approche sous la surface.
— Des brochets ! s’écrie la directrice.

Le banc de poissons se positionne sous la silhouette et la soulève pour qu’elle soit moins dans l’eau et qu’elle ait moins froid. Il l’emporte ainsi jusqu’à un rocher glacé qui ressemble à un iceberg. Là, les lutins passent du bout de son bonnet au rocher, puis une fois bien installés sur le sol dur, ils le tirent de toutes leurs forces. On les entend crier depuis l’école de Saint-Paul :
— Ho Hisse !
Sauf que rien ne bouge… Rempli d’eau, le manteau est trop gros, trop lourd.
— À l’aide, les enfants de l’école ! hurlent les lutins.
Ni une ni deux, les cent rennes filent jusqu’à la cour de l’école, se posent devant les enfants, qui se font la courte échelle les uns aux autres pour grimper sur leur dos. Puis tout ce petit monde s’envole dans le ciel, direction le lac. Tous les enfants, sauf deux CM1 qui décident d’aller chercher le fermier d’à côté pour qu’il vienne avec son tracteur.
Les rennes descendent vers le rocher-iceberg, mais ils ont beau tourner le problème dans tous les sens, ils ne peuvent pas atterrir. Alors, les enfants s’attrapent les mains et les jambes pour former une grande échelle. Ainsi, ils arrivent à atteindre le manteau rouge et à emporter le drôle de personnage vers la rive. Ils le déposent délicatement sur les galets, juste au moment où le fermier arrive avec son tracteur. Les lutins comprennent aussitôt comment sauver leur protégé : ils le font rouler, avec l’aide de tous les enfants, dans le godet du tracteur.
— Il faut l’amener à l’école, là-bas il pourra se réchauffer, conseillent les enfants.
Ni une ni deux, le fermier part en direction de Saint-Paul. Les lutins et les enfants remontent sur les rennes, et tout le monde se retrouve dans la cour de l’école.
— Vite vite, faites-le rentrer ! On va mettre le chauffage à fond ! Les adultes, aidez-moi, il lui faut un bon chocolat chaud ! Il faut le sécher aussi, tenez, voici des serviettes, frottez bien !
Les adultes se mettent à frotter, frotter, et la peau sous la barbe blanche devient toute rouge. Le malheureux éternue :
— ATCHOUM !
Enfin, il ouvre les yeux et comprend qu’il est dans une école.
— Ho Ho Ho, s’exclame-t-il. Je suis le père Noël ! Vous venez de me sauver, les enfants ! Pour vous remercier, je vous invite à venir visiter mon atelier. Vous me suivez ? Nous allons passer par le tunnel secret de la dent d’Oche !
Les enfants sautent de joie et hurlent dans la cour.
— Mais tu n’as pas ton traîneau pour nous emmener tous ! s’inquiète un petit garçon de CP.
— Ho, Ho, Ho, mon traîneau est magique, le rassure le père Noël.
Ni une ni deux, il se gratte l’oreille et il en sort une grosse crotte magique. Il l’attrape et la jette au milieu de la cour. Et PIOUF ! Un archi giga énorme traîneau, de la taille de l’école, apparaît ! Les enfants bondissent dedans et il s’envole, tiré par les rennes, laissant dans la cour les adultes de l’école éberlués.
Le curieux attelage fonce comme l’éclair vers la dent d’Oche et en un claquement de doigts, il se retrouve au sommet, posé.
— Mais comment avons-nous pu nous poser ? s’étonne un grand de CM2. Je suis déjà venu ici, et c’est tout petit !
— Ho, Ho, Ho, je nous ai rétrécis en nous soufflant un bon coup dessus. Vous faites maintenant la taille d’un pouce. Ho, Ho, Ho ! Suivez-moi, je vous emmène à mon tunnel !
Ils font quelques pas et s’arrêtent devant un rond de mousse. Le père Noël la retire et dégage un trou de marmotte qui leur semble immense. Le père Noël leur fait signe de se taire :
— Chhhutttt, les enfants, si vous réveillez la marmotte, elle va tous vous dévorer.
Les enfants deviennent tout blancs et n’osent même plus respirer. Ils entrent dans le tunnel et avancent à pas feutrés. Ils progressent doucement, à tâtons car il fait un noir complet.
Après quelques minutes, les parois se mettent à vibrer. Ils entendent un ronflement qui les terrifie. L’élève de CE2 qui marchait en premier touche avec ses doigts quelque chose qui n’est ni de la terre, ni du caillou, ni de la mousse. Il comprend tout de suite qu’il s’agit du pelage de la marmotte ! Il s’apprête à hurler, mais heureusement, une grande de CM1 qui était à côté de lui couvre la bouche de sa main et lui rappelle de se taire. OUF !
Les enfants et le père Noël se faufilent discrètement jusqu’à dépasser l’animal. Quelques mètres plus loin, le tunnel débouche sur un trou.
— Ho Ho Ho, sautez, les enfants !
—Mais ça va pas la tête ! s’écrie un CE1, apeuré. On ne voit pas le fond, on va tous mourir !
— N’importe quoi, tu es un froussard ! murmure une petite section en jetant un regard complice à son ami de moyenne section.
Aussitôt, le moyenne section pousse le CE1 dans le dos en même temps que la petite section tend sa jambe devant lui. BOUM BADABOUM, le CE1 tombe la tête la première dans le trou. Tous les élèves se figent et attendent d’entendre un « POUM ». Mais à la place, c’est un : « C’est génial, venez vite ! » qui sort du trou.
Alors, rassurés, ils sautent tous ensemble, le père Noël en dernier.
Ils atterrissent en douceur sur un nuage-coussin, au grand air, sous un magnifique ciel bleu. Curieux, ils s’approchent du bord du nuage et là, ce qu’ils voient les laisse bouche bée : partout, des jouets, des lutins qui s’activent dans tous les sens, des rennes qui s’entraînent pour la prochaine tournée, bref… l’atelier du père Noël !
— Whaou ! s’exclament-ils.
— Ho Ho Ho ! Bienvenue chez moi, les enfants.