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Yolic Rougegnaud et le chien de Chandon

25 août 2024. Yolic Rougegnaud, champion cycliste paralympique du Roannais, rentre de Chandon où il vient de terminer son dernier entraînement. Il prépare ses bagages pour Paris. Soudain, il s’écrit : « Ma corne ! » Il ne retrouve plus sa corne de Charolaise porte-bonheur ! Il l’a toujours accrochée au cadre de son vélo. Il appelle aussitôt la mairie de Chandon et tombe sur la directrice du centre aéré. 
— Bonjour, désolé de vous déranger. Je suis Yolic Rougegnaud.
— Bonjour, d’accord, répond la directrice, qui ne le connaît pas. Enchantée, monsieur, que puis-je faire pour vous ?
— J’ai perdu ma corne de Charolaise porte-bonheur !
— Heu… Votre quoi ? Je ne comprends rien…
Croyant être prise au piège d’une caméra cachée, elle raccroche. Au bout du fil, Yolic Rougegnaud est triste. Il n’est pas habitué à se faire raccrocher au nez. La directrice, d’une nature très gentille, regrette son geste. Elle se dit : « Et si ce n’était pas une caméra cachée ? » Ne sachant pas comment retrouver le numéro du monsieur, elle va voir les grands, les CM1-CM2, pour leur demander comment faire. Elle leur explique toute l’histoire. 
Les grands, eux, connaissent Yolic Rougegnaud et savent qu’il roule toujours avec une corne porte-bonheur. Ils expliquent donc à la directrice qu’elle avait au téléphone le futur champion olympique du pays roannais. Alors, passant du désespoir à la panique, elle s’enferme dans son bureau et commence à appeler tous les gens importants de la région pour retrouver le numéro de téléphone du champion. Pendant ce temps, les enfants, abandonnés dans la cour, se regroupent et discutent. Ils décident de partir à la recherche de la corne disparue… Mais par où commencer ? Comment s’organiser ?
— Moi je ne sors pas d’ici, commence Barnabé, un petit garçon peureux. 
— Je propose que nous partions par groupe de deux, déclare Béatrice, une grande fille, sur un ton décidé, comme si elle ne l’avait pas entendu. Chacun dans une direction. Nous devons savoir tout ce qui s’est passé à Chandon ce matin. Où est passé Yolic Rougegnaud avec son vélo, si quelqu’un d’inconnu s’est promené dans le village, ou si…
— Si un phénomène surnaturel s’est produit… complète une camarade.

Tous les enfants approuvent et les voilà partis, chaque binôme dans une direction. Barnabé, qui décide finalement, à contrecœur, de suivre le mouvement, fait équipe avec Béatrice. Ils commencent tous les deux par le pumptrack de Chandon. Là, ils surprennent un adolescent qu’ils n’ont jamais vu en train de faire un saut périlleux avec sa trottinette. 
— He ho ! lui crient-ils. 
Surpris, l’artiste rate sa réception et tombe dans le virage. Les deux enfants se précipitent vers lui, s’excusent de lui avoir fait peur, et l’aident à se relever. Heureusement, il ne s’est pas fait trop mal : il a juste une égratignure au coude. Barnabé tire la manche de Béatrice. Il tremble de peur et voudrait vite partir d’ici. Mais sa camarade veut en savoir plus. Elle raconte à l’adolescent ce qu’il se passe, lui demande ce qu’il fait ici à Chandon, et s’il n’aurait pas vu quelque chose d’étrange le matin. Il explique qu’il a lu dans un magazine de skate que le pumptrack de Chandon était le plus grand de France, et qu’il avait voulu voir cela de ses propres yeux. 
— Et alors ? demande Béatrice.
— Alors, ce n’est pas tout à fait le plus grand de France. Mais il est bien quand même !
Béatrice chuchote à l’oreille de Barnabé : 
— Il a l’air gentil. Il est grand, il pourrait nous aider. On le lui propose ?
— D’a…d’a… d’accord répond Barnabé en claquant des dents. 

Justin, l’adolescent, accepte volontiers. Il prend Béatrice par le col et l’assoit sur le guidon de la trottinette. Il attrape ensuite Barnabé et le pose derrière lui vers le frein. Le petit garçon, paralysé de peur, s’accroche à sa taille. Béatrice, elle, est très contente et éclate de rire. Ils partent à toute allure sur la route de la campagne. Ils sont secoués dans tous les sens. Soudain, derrière un virage, ils croisent un cycliste professionnel, avec un casque aérodynamique et un vélo tout en carbone. Il est concentré sur sa trajectoire, mais Justin met brusquement son pied devant la roue avant de la trottinette, qui s’arrête net, faisant faire un salto à ses trois passagers, dont Barnabé, qui atterrit sur les épaules du cycliste. Surpris, le champion perd le contrôle de son engin et fonce dans le fossé. Le cadre du vélo est plié en deux, les deux passagers sont propulsés par-dessus les barbelés, droit dans la baignoire des vaches. 
Le cycliste, très en colère, très très en colère, sort de l’eau et fixe Barnabé d’un regard noir. On peut même dire qu’il le fusille du regard. Justin intervient avant la catastrophe : il s’interpose entre le cycliste et Barnabé et s’excuse platement. Béatrice vient aussi s’excuser. Mais rien n’y fait, le cycliste est toujours en colère, très très en colère. Enfin, Justin trouve la solution pour le calmer : il lui dit qu’ils sont en mission pour Yolic Rougegnaud, qui a perdu sa corne de Charolaise porte-bonheur. 

En entendant le nom du champion, le cycliste se détend et, comprenant l’urgence de la situation, propose de les accompagner. Il s’installe sur la trottinette, prend Barnabé sur ses épaules, Béatrice s’installe entre lui et le frein, et Justin s’assoit sur le guidon. Ils continuent la route en direction de la campagne et entament une descente dans laquelle ils croisent un chien qui tire sur sa chaîne en aboyant sans cesse. 
Ils entendent alors son maître lui crier : 
— Laïdi ! Arrête donc d’aboyer sur tous les gens qui roulent sur cette route ! Ce matin, tu as failli faire tomber un vélo de champion paralympique !
La trottinette et ses passagers sont déjà loin, mais Béatrice a entendu et saute des deux pieds sur le frein. L’engin pile et les trois garçons atterrissent la tête la première dans le tas de fumier qui se trouve au bord de la route. 
— Ahhhh ! s’exclament-ils tous une fois sortis de là. 
Béatrice parvient avec difficulté à calmer sa crise de rire et s’excuse de sa maladresse. Une petite averse tombe à pic pour les nettoyer, heureusement… Tout rentre dans l’ordre, et ils remontent à pied, en tirant la trottinette, vers le maître du chien. 
Le chien aboie toujours plus fort et son maître ne semble plus là pour le tenir. C’est une femme qui le siffle finalement, et il retourne dans sa niche. 
— Oh là, les enfants, qu’est-ce que vous faites devant chez moi ? Puis remarquant Justin et le cycliste, elle se corrige : Les jeunes, je veux dire, que faites-vous devant chez moi ?
Béatrice lui raconte toute l’histoire. La maîtresse du chien est désolée, mais elle n’a rien remarqué de spécial, si ce n’est effectivement ce monsieur qui est passé ce matin en pédalant avec les mains pour faire avancer son vélo.
— Mais ça a l’air important, s’exclame-t-elle enfin. Le pays roannais ne peut pas passer à côté d’une médaille olympique ! Je vous accompagne. 

Ils se demandent comment grimper tous ensemble sur la trottinette, quand soudain, ils entendent un discret sifflement qui provient de la niche du chien. Béatrice demande le silence. Ils se taisent. Le sifflement se reproduit. Ils se précipitent tous autour de la niche. Là, le sifflement se reproduit encore, plus fort.
— La corne est là, c’est sûr, s’écrie Béatrice. 
On entend au fond de la niche le chien qui grogne et aboie. Tous les regards se tournent vers Barnabé, qui devient tout blanc : 
— Vous ne voulez quand même pas…
Les quatre autres hochent la tête. 
— Allez, Barnabé, tu es le seul à pouvoir entrer dans la niche… insiste Justin.
— Oui, Barnabé, ne t’inquiète pas, le rassure la femme, Laïdi n’est pas méchant, il veut juste jouer. 
Le cycliste, comprenant que Barnabé ne se laissera jamais convaincre, l’attrape sous les bras et le jette dans la niche. Là, il tombe nez à nez avec le chien, pattes croisées sur une chose blanche comme un os, en train de la ronger. Selon la position de sa bouche, la chose émet un sifflement. « La corne », se dit Barnabé. Il essaye de prendre son courage à deux mains, d’inspirer, mais rien n’y fait : il a trop peur et s’évanouit sur le chien. Écrasé, celui-ci se sauve hors de sa niche. Sa maîtresse l’attrape par le collier et lui demande de se tenir tranquille. Justin et le cycliste décident alors d’unir leurs forces pour soulever la niche. Béatrice relève Barnabé, qui tient dans ses bras… la corne de Charolaise porte-bonheur de Yolic Rougegnaud ! 

À cet instant précis, le champion passe devant la maison : il a décidé de refaire son parcours du matin en espérant retrouver sa corne. Béatrice l’aperçoit et lui fait de grands signes. OUF ! Sauvés… Le pays roannais a de nouveau toutes les chances de gagner une médaille olympique !