La « bonne » résolution catastrophe.
Ce Co-Scriptum Flash a été écrit à Annecy le mardi 3 janvier 2022, par un groupe de cinq enfants de l’association IEF des Savoie : Basilie, Hector, Jayan, Osalie et Oscar. Ils ont entre 8 et 10 ans, beaucoup d’imagination, une envie folle d’inventer et d’écrire. Nous avons passé un très bon moment !
31 décembre, dans l’après-midi…
— Écoute, c’est bientôt le 1er janvier, je te propose une bonne résolution : et si on gardait notre chambre rangée ? propose Tom, 10 ans, à sa petite sœur Julie.
— Pourquoi pas, répond cette dernière du haut de ses sept ans, un sourire au coin des lèvres et les yeux tournés vers le ciel.
Au douzième coup de minuit, le torse bombé, la tête haute, Tom annonce à ses parents que sa sœur et lui vont désormais ranger leur chambre. Les parents sont les plus heureux du monde :
— Bravo, nous sommes très fiers de vous ! Nous attendions cela depuis des années. Tenez bon surtout !
Le lendemain matin…
Tom et Julie se réveillent à 9 heures et commencent à ranger. Tom se met efficacement au travail. Il prend, classe, met de côté les jouets à vendre, les affaires à jeter, pendant que Julie, qu’il avait chargée de ranger la caisse de Bilmoplays, est assise à genoux sur le parquet. Elle prend un personnage, le palpe, change ses cheveux, puis les change à nouveau, lui met des lunettes de plongée, l’installe sur un cheval, le cheval dans la fusée, la fusée sur un camion, le camion jeté sans précautions dans la boîte, répandant une pluie de pièces partout autour. Puis elle recommence avec un autre personnage.
Au bout d’une heure, Tom réalise que sa sœur, en fait, ne range pas du tout. Il s’approche, se plante devant elle, la regarde d’un air sévère, et l’interpelle :
— Dis, tu as déjà oublié notre résolution ? N’es-tu pas censée ranger avec moi ?
— Mais je range là, Tom, qu’est-ce que tu racontes ?
— Tu te moques de moi ? Tu appelles ça « ranger » ? Ça fait une heure que tu es assise ici et on en est toujours au même point ! Lève-toi et va faire les lits ! Tu as intérêt à ce que ce soit carré !
Déçue, Julie abandonne ses Bilmoplays et se dirige vers le lit superposé. Elle le regarde un moment, indécise, puis se souvient de ce que fait toujours sa maman en pareille circonstance. Alors, elle se saisit de la couette toute neuve de Tom, la traîne péniblement dans la poussière sur le sol, s’approche de la fenêtre, renverse la caisse de Golé que son frère vient de ranger pour se hisser dessus et attraper la poignée. Elle ouvre alors la fenêtre et commence à secouer la couette. Les particules s’envolent jusque dans ses narines. Elle sent un picotement gagner son nez, elle renifle, plisse les yeux et, et, et… éternue un grand coup. Ses mains s’ouvrent, la couette lui échappe et termine sa course cinq mètres plus bas, dans une flaque de boue.
— Mais qu’est-ce que tu as fait ! hurle Tom, effaré.
— Bin j’ai fait ce que tu m’as dit : le lit… J’ai copié maman…
— Mais tu n’es pas maman, que je sache ? Bravo, voilà le résultat !
Il la regarde d’un air dépité, souffle un grand coup, rentre la tête dans ses épaules, et dit :
— Tu n’es bonne à rien… Va dans ton lit et ne bouge plus d’un millimètre !
Julie prend un faux air triste. Au fond d’elle, elle est folle de joie et court se cacher sous son édredon. Encore fatiguée de sa soirée, elle s’endort en quelques secondes.
Quarante minutes plus tard…
Tom a terminé de ranger. Il descend au salon, très fier, et invite ses parents à venir admirer son travail :
— Montez voir, j’ai fini de rang…
PLIM BLAM BLOUM PATATRA SPLATCH…
L’espace d’un instant, ils se figent tous les trois, tétanisés par ce qu’ils viennent d’entendre à l’étage.
— C’est quoi, le « SPLATCH », finit par demander le père, très inquiet.
— L’aquarium… murmure la mère, déconfite.
— Oh non… concluent-ils tous les trois d’une seule et même voix désespérée.